Au cœur du récit, un lieu : les Abattoirs de La Chaux-de-Fonds, produit d’une idéologie du progrès et processus industriel appliqué au vivant. Des voix le disent et l’habitent entre 1906 et 2002. Victime de leur immensité et de normes nouvelles, classé monument historique, les Abattoirs suscitent des discours de recyclage, par exemple en casino…
Par les moyens conjugués de ses souvenirs d’enfant et de la fiction fondée sur une recherche historique, Jean-Bernard Vuillème a composé un récit polyphonique à la fois fantasmatique et d’une précision clinique sur l’abattoir, lieu central de l’existence du peuple carnivore.
Ecrit dans une langue précise et compacte, le livre passe de l’investigation historique à la conjecture romanesque. Le récit est constitué en une mosaïque de fragments hétéroclites où le temps comme le narrateur varient et se métamorphosent. Les meilleures pensées des abattoirs ressemblent au dernier salut désespéré du soldat inconnu, enterré dans les tranchés, attendant la mort.
Marco Danesi, Domaine public
Jean-Bernard Vuillème pratique l’essai digressif avec un mélange original de savoir et d’esprit critique.
24 Heures, Jean-Louis Kuffer